Dyscalculie spatiale
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(Médecin de rééducation MPR
Spécialiste en Neuropsychologie Infantile DYS & TSA)
« Les troubles optomoteurs (ou oculomoteurs) concernent la planification des mouvements des globes oculaires qui permettent d’explorer une scène visuelle, d’y sélectionner et de saisir une information précise, fonction du projet de regard du sujet. Les troubles de la programmation des mouvements oculaires, de la stratégie d’exploration visuelle et du calibrage des saccades, infiniment plus lourds de conséquences développementales, vont induire des perturbations en cascade dans des apprentissages précoces implicites, distorsions méconnues dont les symptômes émergents, vers 4-7 ans, seront alors rarement reliés à leurs causes initiales.
Se constituent en particulier des troubles de la structuration de certaines notions spatiales.
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La saisie précise d’une information précise dans une scène visuelle complexe est compromise. Ainsi, la copie est non seulement inutile mais particulièrement nocive (l’enfant désapprend ce qu’il a compris et appris verbalement, ou par raisonnement logique), et ce, qu’il s’agisse de copie de textes[...] ou de dessins (impossibilité de prendre des repères dans des systèmes de quadrillages, de points, d’ordonnées).
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La dyscalculie spatiale est précoce, quasi-constante, sévère et tenace . Elle est la conséquence directe des 2 lignées de troubles : les troubles de la stratégie du regard, qui induisent un trouble du dénombrement et le déficit de structuration des relations topologiques, qui compromet l’accès à la numération écrite (numération arabe, de position) .
Le dénombrement, qui suppose une excellente coordination entre la récitation de la comptine numérique (dire la suite des mots-nombres) et la désignation (du doigt, du regard) de chaque élément de la collection, est perturbé par des oublis (éléments non vus, qui n’ont pas été balayés du regard) et des doubles ou triples comptages. En effet, du fait de son absence de stratégie oculo-motrice lors des activités de comptage d’une collection, les yeux de l’enfant vont se poser de façon non controlée plusieurs fois sur le même élément, alors que d’autres n’auront pas été vus. Comme ceci est aléatoire, les essais successifs vont aboutir à des résultats différents pour la même collection. Aussi, plus il dénombre, plus il détruit sa confiance dans l’invariance du nombre. L’expérience répétée qu’à une même collection peuvent correspondre des cardinaux différents altère les racines mêmes de la construction du concept de nombre chez l’enfant.
Ensuite, à partir du cours élémentaire, l’enfant est confronté à la pose et la résolution des opérations, ce qui, en numération arabe, requiert l’acquisition et l’automatisation d’algorithmes spatiaux (aligner unités/dizaines/centaines à partir de la droitevers la gauche, mettre les retenues en haut de la colonne immédiatement à gauche de celle sur laquelle on vient de travailler) . »
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Ref : Médecine thérapeutique / Pédiatrie. Volume 3, Numéro 4, 273-80, Juillet – Août 2000, Revue : Séquelles neurologiques et sensorielles de la grande prématurité
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Dans le cas de mon fils, nous avons pu constater rapidement ces trois difficultés : le dénombrement aléatoire dès la maternelle ainsi qu’à l’occasion de jeux de société, la pose difficile des opérations en primaire et les difficultés à se repérer dans un quadrillage. D’où des résultats catastrophiques en mathématiques qui nous ont rapidement alertés (cliquez sur les images pour les agrandir) :
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Dénombrement
(Maternelle)
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On peut remarquer ici, en plus des difficultés de dénombrement, l’écriture en miroir du nombre 9.
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(Primaire CP)
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Pose d’opérations
(Primaire CE2)
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Dans les deux exemples ci-dessus, on peut remarquer la dégradation de la tâche au fil du temps et donc de la fatigue.
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Repérage dans un quadrillage
(Maternelle )
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(Primaire /CE1)
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(Primaire/CE2)
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Dans les deux exemples ci-dessus, on peut remarquer que Marc s’est donné beaucoup de mal pour se repérer dans le quadrillage, a dû gommer de nombreuses fois pour corriger ses erreurs. Et tous ces efforts pour une bien piètre appréciation …
Par ailleurs, le bilan orthophonique du raisonnement et de la logique a montré que Marc n’avait pas acquis le sens de la conservation du nombre à l’âge de 9 ans 9 mois en raison de ses troubles visuo spatiaux.
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Ce test, qu’il a échoué, est celui que vous pouvez voir sur la vidéo suivante de 0,30 min à 1,40 min. Nous avions été très surpris de le voir tomber dans ce piège visuel à presque 10 ans, en fin de CM1 … (son orthophoniste nous avait proposé d’assister au bilan pour bien comprendre les difficultés de Marc).
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Or, le sens de la conservation du nombre s’acquiert vers vers 6/7 ans selon Jean Piaget :
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La capacité de conversation, c’est-à-dire cette capacité générale qui permet à l’enfant de voir que la quantité demeure la même malgré le changement de l’apparence, devient aussi possible pour les longueurs ou les nombres. Aux alentours de 6 ou 7 ans, un enfant ne dira plus qu’il y a davantage de points bleus parce qu’ils sont plus dispersés comme lorsqu’il était plus jeune.
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C’est donc pour l’aider à surmonter les difficultés engendrées par ses troubles visuo spaciaux que j’ai cherché et/ou mis au point des adaptations pédagogiques pour l’aider en mathématiques. Vous les trouverez tout au long des pages de ce blog.
En parallèle Marc suit une rééducation en orthophonie et ergothérapie.
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Note :
- Voir de la 26° à la 36° minute de cette conférence du Dr Mazeau (par ailleurs intéressante) des explications très claires sur les conséquences des troubles visio-spaciaux :
Dyspraxie – Troubles visuo-spatiaux – Par Michèle Mazeau
- Voir aussi cette autre conférence de M. Mazeau et C. Huron qui explique pourquoi certains enfants dyspraxiques ont des difficultés en mathématiques :
L’acquisition du nombre et la dyspraxie : du laboratoire à la salle de classe
ça fait des années (8 exactement) que je cherche à comprendre les troubles de ma fille : multi-dys, troubles de logiques, pas tout à fait dyslexique… mais personne n’a fait le lien précis avec les difficultés décrites ici. Les problèmes de dénombrement en primaire , la difficulté à enregistrer le 6,7 8,les troubles spatiaux… mêmes retours des enseignants!J’avais arrêter de chercher et je suis tombée sur votre site par hasard, à la recherche de cartes mentales pour les maths pour l’aider à assimiler les notions vues en classe. Quelle bonne surprise! Je vais continuer à explorer votre blog avec beaucoup d’attention. Un grand Merci!
ça fait des années (8 exactement) que je cherche à comprendre les troubles de ma fille : multi-dys, troubles de logiques, pas tout à fait dyslexique… mais personne n’a fait le lien précis avec les difficultés décrites ici. Les problèmes de dénombrement en primaire , la difficulté à encoder le 6,7 8,les troubles spatiaux… je pourrais penser que les photos des exercices de maths que vous avez partagés sont ceux de ma fille!J’avais arrêter de chercher et je suis tombée sur votre site par hasard, à la recherche de cartes mentales pour les maths pour l’aider à assimiler les notions vues en classe. Quelle bonne surprise! Je vais continuer à explorer votre blog avec beaucoup d’attention. Un grand Merci et j’espère que Marc va bien!
Merci. Pensez aussi à visiter le site de notre association pour comprendre : https://sensoridys.fr/.
Cdt.
C.Grandvincent