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Quand passer à l’ordinateur pour un dys ?
Voici une question qui ne fait pas l’unanimité et qui soulève bien d’autres questions quand on y est confronté. L’écriture permettrait d’apprendre, serait un premier travail vers la mémorisation, etc. Alors, ne plus écrire, est-ce bon pour l’enfant ?
Face à un enfant dysgraphique, on espère dans un premier temps que les rééducations lui permettront d’accomplir ce geste qui nous paraît somme toute si banal. Et puis le temps passe, il faut se rendre à l’évidence, même si l’écriture s’améliore un peu elle reste fatigante, non rentable pour l’enfant au niveau scolaire. Dans notre cas c’est le médecin scolaire, en découvrant les cahiers de Marc, qui a pris la décision du passage à l’ordinateur. Il ne fallait plus perdre de temps et former Marc à la frappe en clavier caché pour lui permettre d’être autonome au collège. Moment difficile où il faut renoncer à l’élève « normal », stylo à la main, pour admettre la réalité du handicap. Et puis, une foule de questions se posent : Comment ça va se passer ? Comment les profs vont-ils le prendre ? Comment gérer les contrôles ? Arrivera-t’il à suivre le rythme ? Comment vont le percevoir les autres enfants ? etc., etc.
Mais il fallait avancer et se lancer dans l’aventure. Cependant, notre fils ayant d’importantes capacités de compensation, il masquait en partie ses difficultés pendant les bilans paramédicaux qui se passent dans le calme et durant un temps relativement court. Le passage au clavier a donc été décidé dans le cadre du PAI sans pouvoir avoir recours à aucune aide de la MDPH (et pourtant, la médecin scolaire qui a jugé que face à « l’ampleur de la dysgraphie de Marc » il fallait impérativement passer au clavier, est aussi une médecin référente de la MDPH). Nous avons dû fournir l’ordinateur portable et financer les séances d’ergothérapie. Autant vous dire qu’aider son enfant dys n’est donc pas à la portée de toutes les bourses …
Marc a donc été formé à la frappe en clavier caché de janvier à juin l’année dernière, date à laquelle il a pu emmener son ordinateur à l’école. Il a aussi été formé à l’utilisation de Géogébra pour la géométrie, car il avait d’importantes difficultés à construire ses figures en géométrie à cause de ses troubles visio-spatiaux et de motricité fine. Enfin, son ergothérapeute lui a installé et l’a formé sur le ruban de Cabergo 74 qui lui permet de poser facilement ses opérations, écrire des équations mathématiques, insérer des tableaux de numération et conversion, des lignes graduées, etc
Aujourd’hui Marc est au collège, il prend l’intégralité de ses cours sur son ordinateur, frappe aussi vite (et même plus vite) que les autres élèves écrivent. Tout se passe bien avec ses profs qui lui fournissent une clé USB quand il y a un DS et avec les autres élèves qui ne trouvent pas anormal que deux de leurs camarades disposent d’un ordinateur en classe. Même si l’outil informatique ne gomme pas toutes les difficultés de Marc, loin s’en faut, il lui a changé la vie. Il peut maintenant prendre lui-même ses cours (où il est obligé d’être plus actif que lorsqu’on lui fournissait des photocopies), peut apprendre ses leçons sur des supports propres, presque sans fautes d’orthographes, écrit dans la police de caractère qu’il préfère (Open dyslexic avec un interligne de 1.5) et a gagné une autonomie et une aisance en mathématiques incontestables.
Pour vous donner une idée du gain apporté par l’ordinateur, je vous joins quelques exemples de son travail. Dans un premier temps, voici un cours de SVT pris à la main car sa batterie était déchargée et qu’ il n’avait pas de possibilité de brancher son ordinateur en salle de SVT. C’était en fin de journée, on voit l’écriture se dégrader très vite et j’ai souligné en rouge les nombreuses fautes d’orthographe (Cliquez sur l’image pour bien voir):
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Et maintenant, voici un cours d’anglais et un cours d’éducation civique pris sur l’ordinateur, je pense que la démonstration de l’utilité de l’ordinateur se passe de commentaire …
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Pour rappel, l’élaboration manuelle d’un tableau donnait ça l’année passée :
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Voici maintenant des exercices de numération élaborés avec son ruban mathématiques de Cabergo 74 :
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L’année dernière, ce type d’exercice donnait ça :
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Enfin, voici une construction de géométrie qu’il avait réalisé avec mon aide et avec beaucoup de mal l’an dernier, où l’on voit les nombreux coups de gomme, les traits qui manquent de précision, etc :
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Et voici une figure réalisée sous Géogébra. Là encore, nul besoin de commentaire. …
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En conclusion, je peux dire que le passage à l’ordinateur a été pour Marc très positif. Il lui a demandé un effort important. En effet, il s’est entraîné 15 minutes par jour, tous les jours pendant plusieurs mois, mais aujourd’hui la frappe est automatisée, les logiciels maîtrisés. J‘ajouterai que le passage au clavier, pour être réussi, ne s’improvise pas et demande d’avoir recours à un ergothérapeute. Il demande aussi une grande motivation de l’enfant et un soutien actif de ses parents. Dans notre cas, Marc avait l’écriture tellement en horreur, « ça lui faisait mal d’écrire », qu’il s’est lancé à fond dans l’aventure et nous étions là pour le remotiver les jours où « il n’avait pas envie », « était fatigué ». Mais le résultat est là !
Pour compléter ce sujet, je vous invite à lire ce très bon article du Dr Pouhet et un autre article du site Dysmoi :
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Quand faut-il passer à l’ordinateur en cas de dysgraphie ? (Dr Pouhet)