Que sais-je ? Les enfants Dys

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Alors que Sensoridys soufflera bientôt sa cinquième bougie, je viens de recevoir, avec un peu d’avance, un très beau cadeau pour son anniversaire. Il s’agit de la réédition 2023 du livre LES ENFANTS DYS écrit par Gabriel WAHL (pédopsychiatre) et Marie WAHL (enseignante) dans la collection «Que-sais-je ?», la célèbre collection issue des Presses Universitaires de France.
Ce cadeau de rentrée pour les familles d’enfants dys et/ou dysproprioceptifs, et pour l’anniversaire de Sensoridys, c’est donc un chapitre consacré à la dysproprioception dans cette réédition. C’est une première et une magnifique victoire pour notre association !
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Je vous invite à le découvrir sur le site de notre association : là.


Vision, proprioception et lecture

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Pour bien lire, avoir une acuité visuelle parfaite ne suffit pas. Il faut aussi que le cerveau soit capable de coordonner des mouvements oculaires d’une précision extrême et pour cela, il doit être informé de la position exacte de la rétine dans l’espace, grâce à la proprioception. Améliorer la lecture en améliorant la proprioception n’a donc rien à voir avec la magie, cela relève de la science et est juste d’ un acte médical !
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Dans un article précédent, je vous avais expliqué comment nos yeux voient en réalité le monde (net et en couleur sur une très petite zone au centre de l’image, flou et en noir et blanc en s’éloignant du centre, de la fovéa) :
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Capture d’écran de la chaîne E-penser

Pour compenser cette limitation, nous avons aussi vu que nous réalisons en permanence des mouvements rapides de nos yeux, appelés saccades, qui permettent de placer les éléments importants de notre environnement à l’intérieur de cette portion nette du champ visuel. Le reste n’est que construction de notre cerveau qui doit faire preuve d’ingéniosité pour parvenir ensuite à construire l’image que nous percevons : stable, nette et en couleur sur l’intégralité du champ visuel.
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Je vous propose maintenant cette autre image tirée d’une vidéo sur youtube de la chaîne Orthophonie 94, qui montre comment cette zone nette de la fovéa limite la lecture :
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Capture d’écran tirée d’une vidéo Youtube de Orthophonie 94

Pour parvenir à lire, il faut non seulement accommoder pour voir net le point de fixation, mais aussi réaliser des saccades harmonieuses pour amener le regard là où il doit se poser sur les mots pour en assurer un décodage rapide (il faut aussi coordonner nos deux yeux dans une vergence parfaite et être capable de balayer un espace en son entier, dont une feuille A4 de gauche à droite). Ce sont nos six muscles oculomoteurs qui coordonnent ces mouvements d’une précision inouïe :

Image de prévisualisation YouTube

« La lecture est la fonction musculaire qui demande la mise en place des patterns les plus précis. Elle sera au premier plan en cas de perturbation de l’équilibre » .

Dr  P. QUERCIA  (INSERM)

 

Exemple d’enregistrement des mouvements oculaires lors de la lecture  (Un filtre spatio-temporel a été appliqué pour définir les fixations (ronds bleus) et les saccades (traits bleus). Le diamètre des ronds est proportionnel à la durée de fixation. Les fixations sont numérotées dans l’ordre chronologique. Cela fait apparaitre les régressions (exemple encadré).) :

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Il est donc primordial pour le cerveau de connaître la position exacte de la rétine dans l’espace pour pouvoir déplacer nos yeux de manière très précise et efficace lors de la lecture. Et cette information est donnée au cerveau par la proprioception, comme nous l’explique le Pr JP ROLL (CNRS ) :
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Les « actions perceptives », qui orientent et guident nos organes des sens vers leur stimulus, influencent profondément le traitement des messages sensoriels : ainsi, le système nerveux central traite-t-il conjointement les informations visuelles et les informations musculaires nécessairement associées à l’action de voir. Comment pourrions-nous localiser une cible visuelle dans l’espace sans que le système nerveux soit précisément informé du lieu où se trouve le corps et, notamment, l’œil?
[...]
La rétine est portée par un ensemble de segments corporels mobiles et emboîtés que sont successivement l’œil, la tête, le tronc et les jambes : les signaux proprioceptifs, issus de toute la chaîne des muscles mobilisant ces segments, « disent » à tout instant au cerveau quelle est l’attitude ou quels sont les mouvements du corps, et lui permettent le calcul de la position absolue de la rétine dans l’espace
On comprend donc qu’une dysfonction proprioceptive aura un impact direct sur la lecture, le cerveau n’étant alors pas correctement informé de la position de la rétine dans l’espace, par les capteurs proprioceptifs des muscles oculomoteurs. Comment le cerveau peut-il coordonner des mouvements d’une précision telle que celle nécessaire à l’acte de lire, s’il n’est pas correctement informé de la position des globes oculaires dans leur orbite ?
Pourtant, alors même que les travaux du Pr Roll prouvent le rôle de la proprioception dans la localisation spatiale visuelle, le Dr Catherine Billard a occulté l’aspect proprioceptif dans son travail de 2013 sur les troubles sensoriels, dont visuels, dans les troubles des apprentissages. (Interprétation du dépistage sensoriel dans les troubles des apprentissages ? Archives de Pédiatrie Volume 20, Issue 1, January 2013, Pages 103–110).
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C’est bien dommage !!! (Surtout pour tous les enfants souffrant d’une dysfonction proprioceptive …)
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Sources :
Dyspraxies (Dr Régine Salvat)
La proprioception, un sens premier ? Résonances Européennes du Rachis – Volume 14 – N° 42 – 2006 – Première publication : Intellectica, 2003, N° 36-37, pp 49-66) (Pr JP. Roll, CNRS)
Oculométrie  Brain and Language Institute
Fermez les yeux  JEAN PIERRE PHILIPPE Kiné du sport, ostéopathe
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Vidéos :
La vue, partie 2-Les sens humains-e-penser
Dyslexie : bilan des données scientifiques-orthophonie 94



Archives pour la catégorie Lecture

Difficultés sensorielles et lecture

L’Observatoire de la santé visuelle et auditive fait cette année un point précis sur les rôles conjugués de l’audition et de la vue dans l’apprentissage de la lecture et sur les conséquences désastreuses d’un trouble sensoriel non pris en charge à cette période du développement des enfants. Or, les enfants souffrant d’une dysfonction proprioceptive souffrent d’un trouble sensoriel qui altère la perception multisensorielle. Il n’est donc pas étonnant de constater qu’ils puissent être en difficulté face à l’apprentissage de la lecture

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Un article de « L’ouïe magazine » s’ intéresse aux conclusions de l’observatoire de la santé visuelle et auditive quant à l’effet de déficits sensoriels sur l’apprentissage de la lecture. En voici un extrait, très intéressant, qui apporte aussi un éclairage sur l’impact d’une dysfonction proprioceptive sur la lecture :

Bien entendre et bien voir : nécessités absolues pour apprendre

« La compréhension d’un texte est le produit multiplicatif de deux facultés indépendantes : la reconnaissance des mots écrits et la compréhension orale », explique Johannes Ziegler, directeur de recherche au CNRS, qui dirige le laboratoire de psychologie cognitive (CNRS-AMU) et codirige l’institut Convergences à l’université d’Aix-Marseille. Cela signifie que si l’une de ces deux facultés est minorée, l’enfant ne peut accéder à la compréhension d’un texte. « Le lien entre trouble phonologique et trouble d’apprentissage de la lecture est très bien établi, poursuit le chercheur. L’enfant doit apprendre à faire le lien entre graphèmes et phonèmes. S’il a des difficultés à discriminer les phonèmes, il sera en difficulté pour accéder à la lecture et, en cascade, pour les autres apprentissages. […]

Les corrélations fortes, scientifiquement établies, entre déficits sensoriels même mineurs ou transitoires et difficultés d’apprentissage rappellent à tous, parents, enseignants, professionnels de santé, la nécessité d’une vigilance particulière aux signes comportementaux et d’une orientation plus systématique vers des bilans ORL et ophtalmo en cas de doute.

L’article dans son intégralité : L’Observatoire de la santé visuelle et auditive zoome sur l’apprentissage de la lecture

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Or, notre cerveau est « bombardé » d’informations sensorielles en permanence : ouïe, vue, toucher, odorat, proprioception, douleur, chaleur, etc. Il ne peut toutes les traiter et seules arrivent à notre conscience celles qui sont utiles à ses objectifs. Il génère des prédictions sur le monde extérieur et sélectionne les informations sensorielles qu’il va utiliser :

« Notre cerveau construit notre perception comme le client d’un restaurant compose son assiette dans un buffet : il ne retient qu’une partie infime de ce qui est face à lui, ce qui nous intéresse, ce que nous cherchons, ce qui fait sens pour nous. » – Professeur Lionel Naccache (Neurologue et chef de service de neurophysiologie à la Pitié-Salpêtrière)

La réalité de ce que nous percevons est sans cesse reconstruite par notre cerveau et nous pouvons très bien ne pas « voir » des éléments flagrants qui sont pourtant sous nos yeux. :

« En sciences cognitives, on appelle « attention » l’ensemble des mécanismes par lesquels notre cerveau sélectionne une information, l’amplifie, la canalise et l’approfondit. Ce sont des mécanismes anciens dans l’évolution : le chien qui oriente ses oreilles, la souris qui se fige à l’écoute d’un craquement déploient des circuits attentionnels très proches des nôtres […] Faire attention, c’est donc sélectionner – et, en conséquence, prendre le risque d’être aveugle à ce que nous choisissons de ne pas voir. » – Pr. Stanislas Dehaene (Collège de France)

Les systèmes attentionnels au niveau cérébral fonctionnent très largement par automatismes, ce qui est fondamental pour subvenir à nos besoins essentiels et nous permettre de nous dégager l’esprit pour nous consacrer à des activités cognitives de niveaux plus élevés. Néanmoins, le danger pour le cerveau est de passer à côté d’informations essentielles.

En cas de dysproprioception, le cerveau situe mal les sources de ses stimuli sensoriels dans l’espace et va éliminer des informations qui lui sont pourtant utiles. Des suppressions temporaires et aléatoires d’informations visuelles apparaissent alors dans certaines positions du regard, mais aussi dans le bruit. Ces nombreuses petites pertes visuelles sont absolument inconscientes, le sujet ne sait pas qu’il ne voit pas correctement, ne se rend pas compte qu’il a des « petites zones aveugles » aléatoirement placées. (Nda : Il se passe certainement la même chose au niveau de l’audition, même si cela n’a pas encore pu être démontré cliniquement).

Chez l’enfant qui apprend à lire, ce phénomène va être très invalidant, car l’association de graphèmes (vision) et de phonèmes (audition) est à la base de l’apprentissage  de la lecture, comme l’a rappelé Johannes Ziegler, directeur de recherche au CNRS dans l’article cité plus haut.  Les conflits audito-visuels seraient donc à l’origine de troubles développementaux de l’attention visuelle et de la conscience phonologique, cette dernière ne pouvant se développer et surtout s’automatiser, l’ensemble aboutissant à un tableau de dyslexie.

Aujourd’hui, très nombreux sont ceux qui considèrent l’hypothèse de l’origine proprioceptive des troubles des apprentissages comme farfelue. Et pourtant, comment peut-on encore sous estimer à ce point l’impact du « sens premier », celui qui donne du « sens aux autres sens » (Pr JP Roll, CNRS) ?

Processus Cérébral pour Apprendre à Lire

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Je vous propose de lire un article très intéressant du blog « Le cerveau de l’enfant et de l’adolescent« , qui reprends les données scientifiques actuelles sur l’apprentissage de la lecture (dont certaines déjà partagées ici), en montrant que celui-ci entraîne une réorganisation complète du cerveau.  En effet, à l’origine, il n’existe pas de zone de la lecture dans le cerveau, la « boîte aux lettres » de la reconnaissance visuelles des mots apparaît sous l’effet de l’apprentissage en « recyclant » des zones qui étaient au départ dédiées à la reconnaissance des visages. Cependant,  un passage de cet article m’interpelle plus particulièrement car il s’intéresse à la transformation profonde que subit le cerveau lors de l’apprentissage de la lecture, en expliquant qu’elle va beaucoup plus loin que des changements dans la couche externe du cortex. Je vous propose donc un extrait de ce billet dont je vous conseille de lire l’intégralité:

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cerveau apprend à lire

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Selon des chercheurs allemands de l’Institut Max Planck pour la psycholinguistique et le Max Planck pour la cognition humaine et les sciences du cerveau, avec des scientifiques indiens du Lucknow Biomedical Research Center et de l’Université d’Hyderabad, dans une étude publiée dans la revue Science Advances de mai 2017, la lecture est un énorme défi pour le cerveau et ses effets sont incroyables, au point de pouvoir le façonner et le transformer profondément, même lorsque nous sommes adultes.

Lire est une capacité tellement nouvelle dans notre histoire évolutive qu’elle ne peut pas être “enregistrée” dans les gènes. Quand nous apprenons à le faire, le cerveau doit passer par une sorte de “recyclage”. Les zones destinées à la reconnaissance d’objets complexes, tels que des visages, doivent participer à la traduction des lettres. Et certaines régions de notre système visuel deviennent des “interfaces” entre ce que l’œil voit et le langage.
Le fait est que, jusqu’à présent, les scientifiques ont supposé que ces changements étaient limités à la couche externe du cerveau, le cortex, qui s’adapte rapidement aux nouveaux défis. Mais il s’avère que la transformation qui amène à ouvrir un livre et à le comprendre va beaucoup plus loin.
Les chercheurs ont découvert que lorsqu’un adulte apprend à lire, le cerveau subit une réorganisation qui s’étend jusqu’aux structures profondes du thalamus et du tronc cérébral.
Ils ont observé que les colliculus dits supérieurs, une partie du tronc cérébral, et les pulvinar, situés dans le thalamus, adaptent leur activité à celle du cortex visuel. Ces structures profondes aident notre cortex visuel à filtrer les informations importantes, avant même que nous les percevions consciemment. Fait intéressant, plus les signaux entre les deux régions du cerveau sont synchronisés, meilleures seront les capacités de lecture. Ils croient que ces systèmes cérébraux raffinent leur communication de plus en plus à mesure que les élèves deviennent de plus en plus compétents en lecture. Cela pourrait expliquer pourquoi les lecteurs expérimentés se déplacent plus efficacement à travers un texte.
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Lumière sur la dyslexie
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Selon les chercheurs, les impressionnants résultats d’apprentissage des volontaires ne sont pas seulement porteurs d’espoir pour les adultes analphabètes, ils mettent également en lumière la cause possible des troubles de la lecture comme la dyslexie, qu’ils croient être due à des dysfonctionnements dans le thalamus, une partie du cerveau qui a été modifiée dans l’expérience avec seulement quelques mois de formation en lecture.
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L’article dans son intégralité :
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Il ne vous aura pas échappé que les structures profondes dont parle cet article sont impliquées dans le traitement des informations proprioceptives, et notamment le colliculus supérieur dont le Dr Quercia soulignait déjà l’implication probable dans la dyslexie dans une publication de 2005 (et dont on sait maintenant qu’il est aussi impliqué dans le TDA/H).
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Allez, encore un effort, on y arrive !
Pièce après pièce, la recherche commence à démontrer les intuitions géniales de médecins précurseurs. :)
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Note : Lire l’ article original de la revue Science Advances  : Learning to read alters cortico-subcortical cross-talk in the visual system of illiterates

Lire un bon roman modifierait biologiquement le cerveau

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Voici une étude amusante qui prouve, une fois de plus, que le cerveau se modifie sous l’effet d’un apprentissage, d’une activité. Selon une expérimentation rapportée dans la revue Brain Connectivity, par une équipe de chercheurs de l’Université d’Emory aux Etats-Unis,  la lecture d’un roman entrainerait des modifications importantes au niveau cérébral.

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Voici un extrait de l’ article du site Maxisciences sur le sujet :
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Plus de connexions neuronales
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Pendant 19 jours consécutifs, les cerveaux des candidats ont été observés à l’aide d’IRM. Les cinq premiers jours, l’imagerie cérébrale était réalisée pendant qu’ils étaient au repos. Les neuf jours suivant, ils ont été amenés à lire neuf passages de 30 pages de Pompeii, de Robert Harris un texte qui combine des événements fictifs et dramatiques. Dans ce roman, le personnage principal éloigné de Pompéi, découvre les fumées qui se dégagent du volcan et « tente de revenir à Pompéi à temps, pour sauver la femme qu’il aime ». « Cela raconte de vrais évènements d’une façon fictionnelle et dramatique. Il était important pour nous que le livre ait une trame narrative forte », souligne le Pr Berns. Un questionnaire suivait les lectures pour s’assurer que les participants avaient lu correctement, puis ils subissaient une nouvelle séance d’IRM. Une fois toutes les observations cérébrales réalisées et collectées, les chercheurs ont comparé les résultats. Au cours des matinées qui ont suivi la séance de lecture, ils ont ainsi constaté une augmentation du nombre de connexions neuronales dans la région du cortex temporal gauche. Une aire associée à la réceptivité de la langue. De même, une connectivité accrue a été observée au niveau de la région du cerveau associée à des représentations sensorielles venant du corps. Mais ces augmentations n’étaient pas que ponctuelles.
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Un changement durable
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« Même si les participants ne lisaient pas le roman, quand ils étaient face au scanner, ils ont conservé cette connectivité accrue. Nous appelons cela une “activité de l’ombre”, presque comme une mémoire musculaire« , indique le Professeur Berns. Cette persistance s’est même prolongée cinq jours après la lecture du roman, selon les chercheurs. Ceci prouve que les effets de la lecture s’inscrivent dans une certaine durée. « Les changements neuronaux que nous avons trouvé sont associés aux systèmes des sensations physiques et des mouvements, ils suggèrent que lire un roman peut vous transporter dans le corps du protagoniste. Nous savions déjà que les bonnes histoires pouvaient vous faire prendre la place de quelqu’un au sens figuré. Aujourd’hui, nous voyons que quelque chose peut aussi se produire biologiquement », commente le Pr Berns. Par ailleurs, l’effet s’est prolongé cinq jours après la lecture du roman. « Il reste la question toujours ouverte, de savoir si ces changements pourraient durer encore davantage. Mais le fait que nous les détections durant quelques jours, à partir de passages pris au hasard, suggère que nos livres pourraient avoir un effet plus important et durable sur la biologie de notre cerveau ».
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Ce qui est à noter et qui est quand même extraordinaire quand on y pense, c’est que le seul fait de lire des scènes de haute intensité dramatique et d’action est à l’origine de changements neuronaux :

 » une connectivité accrue a été observée au niveau de la région du cerveau associée à des représentations sensorielles venant du corps. »

« Les changements neuronaux que nous avons trouvés sont associés aux systèmes des sensations physiques et des mouvements, ils suggèrent que lire un roman peut vous transporter dans le corps du protagoniste. « 

 

« Presque comme une mémoire musculaire » : tout est là, tout est dit. Et nous touchons du doigt la puissance du rôle cognitif de la proprioception !

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Ce sont les neurones moteurs  (cellule nerveuse qui est directement connectée à un muscle et commande sa contraction) qui permettent au cerveau d’ordonner au corps tous les gestes dont celui-ci est capable. À chaque geste, chaque action, comme se lever, tourner la tête ou claquer des doigts par exemple, correspond donc un ensemble de neurones spécialisés.

Le professeur JP Roll a démontré que toute nos actions motrices laissent une trace dans notre cerveau, sous formes de connexions neuronales, au point qu’il a pu constituer une véritable « neurothèque » où sont conservées les signatures sensorielles d’actions diverses de forme et de taille différentes et réalisées à des vitesses variées (Il lui suffit ensuite de stimuler les capteurs proprioceptifs des tendons musculaires avec des vibrations pour donner au sujet la sensation illusoire de ces actions). Nous sommes là au cœur de la plasticité cérébrale.

Il existe une classe particulière de neurones moteurs, les neurones miroirs, qui possèdent la surprenante vertu de fabriquer dans le cerveau de celui qui regarde, l’image du mouvement de celui qui est en train de l’exécuter. Or, des études récentes semblent montrer que c’est parce que nous reproduisons avec nos muscles, de manière presque imperceptible, le mouvement observé (grâce donc à ce feedback proprioceptif) que nous arrivons à analyser les mouvements et expressions d’autrui.

Ce qui est finalement le plus surprenant dans cette étude sur la lecture, c’est que ce n’est pas la vision du mouvement d’autrui (et le feedback proprioceptif qu’elle entraîne), qui simule l’action dans notre cerveau au point de provoquer des changements neuronaux liés aux sensations physiques du mouvement, c’est le seul fait de l’imaginer !

Néanmoins, ça n’a rien de surprenant au vu des découvertes récentes sur la proprioception, comme nous le montre cette étude, rapportée dans Science et vie:

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Difficile à croire mais, oui, il est possible de stimuler ses muscles par la seule pensée et donc de les faire travailler !

Pour preuve, en 2014, une équipe de l’université de l’Ohio a plâtré l’avant-bras de 29 personnes cobayes (non sportives) avant de les séparer en deux groupes. Les premiers devaient s’imaginer qu’ils contractaient leurs muscles pendant cinq secondes, quatre fois de suite, suivi d’une minute de repos. Le tout répété 13 fois durant une séance et cela cinq jours sur sept durant un mois. Les seconds n’avaient aucune consigne

A la fin du mois, le premier groupe avait perdu 24 % de sa force dans l’avant-bras alors que, dans l’autre, le déclin était de 45 % !

Le sens proprioceptif en action

L’explication, on s’en doute, est neurologique. Le fait de penser faire du sport stimule les cortex prémoteur et moteur qui contrôlent le sens proprioceptif (perception, consciente ou non, de la position de nos membres dans l’espace). La pensée active ainsi les récepteurs proprioceptifs et de fait excite les muscles qui se contractent (légèrement) sans aucune action physique.

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C’est fou quand y pense ! Fascinante proprioception !

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La proprioception …. et la lecture

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Surprenante proprioception ;) !

 

On sait que l’ergonomie affecte notre capacité de lecture. Une étude récente a voulu investiguer si la proprioception y était pour quelque chose à ce qui a trait à la lecture.

On a demandé à 47 sujets (dont la vision était normale) de lire dans leur tête sur un écran LCD à 40cm de distance. Dans l’un des deux cas, le sujet tenait l’écran dans ses mains. Dans l’autre, l’écran était soutenu pour le lecteur.

Les résultats sont surprenants. Lorsque l’écran était tenu dans les mains, la lecture était plus rapide et il y avait moins de variations au niveau de la taille de la pupille. Ce test durait 90 secondes.

C’est pour dire que lorsque des unités motrices sont activées, on lit peut-être mieux ! Aussi, on peut penser que la stimulation de la peau des doigts qui tiennent l’écran y est peut-être pour quelque chose. On sait que cette information sensorielle aboutit sur le lobe pariétal pour activer les zones motrices, dont celle pour le mouvement oculaire.

Au final, il faut comprendre que tout est connecté ! C’est en ce sens que l’on peut penser améliorer le rendement en lecture avec la posturologie, à savoir qu’elle stimule le sensoriel… pour améliorer le moteur !

 

Source : La proprioception …. et la lecture

Publication originale : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/cxo.12428/abstract

 

LES NEURONES DE LA LECTURE

Sur le site de France Culture, Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France aborde le processus de lecture sous l’angle des neurosciences. Une telle approche permet d’éclairer d’un jour nouveau cette activité propre à l’homme, que la plupart des adultes accomplissent le plus naturellement du monde, et dont l’apprentissage est crucial. Une conférence passionnante ! (Clic sur l’image)

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neurones de la lecture

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Présentation de livre en carte mentale

En fouinant dans mes anciens fichiers, j’ai retrouvé ces cartes mentale réalisées par Marc en CM2 pour présenter des livres. Il s’agissait de « L’oeil du loup«  de Daniel Pennac et du « Vieil homme et la mer«  d’Ernest Hemingway. Je les partage si ça peut donner des idées :

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oeil du loup

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Le vieil homme et la mer

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Cahiers interactifs

J’ai découvert une nouvelle forme de présentation des cours qui me semble particulièrement adaptée aux enfants ayant besoin de manipuler pour capter leur attention et apprendre (comme les EIP et les dys). Il s’agit du cahier interactif dont voici quelques exemples :

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  • Vous trouverez sur le site « Dix Mois », une présentation de ces cahiers : ici.

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  • « Mélimélune » s’est déjà lancé dans la création d’un tel cahier dans le domaine de la compréhension de lecture : et de l’écriture :.
  • « Lala aime sa classe » s’est aussi engagée  dans l’aventure et a préparé des supports  en géométrie, vocabulaire, géographie : et là.

 

Dans le domaine de la grammaire, plusieurs sites proposent déjà des supports très intéressants :

  • « La classe d’Iris » : là.
  • « De deux choses l’une »  met à disposition son travail sur la nature des mots : , et sur les philosophes des lumières : ici.
  • « Sapienta »  propose son travail sur les types de phrases : là.
  • « Val 10″ propose une leçon à manipuler sur le sujet (et le verbe) :.
  • « Résonance » en propose une sur « Le sujet » : là.

 

  • En ce qui concerne la conjugaison, on trouve un cahier interactif : et chez Iris : ici.  « La Classe 2 Delphine » en propose pour la conjugaison du présent :   ainsi que « Rigolett » : ici. La Classe de Marybop propose un puzzle de la conjugaison des verbes avoir, être et aller au présent : .

 

  • « La Classe 2 Delphine » en propose aussi pour  l’apprentissage des tables : .
  • « Mallory » en propose pour l’histoire et l’écriture : et .

 

  • Pour le niveau CE1, « Lulli » en propose aussi quelques uns  là  , ainsi que « Récréatisse« : ici. Récréatisse propose aussi le jardin des verbes niveau CE1 version intéractive  (Cliquez sur l’image) :

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DSCN7685-500x375 dans Français

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  • Chez « Stylo Rouge et Crayon Gris », on trouve un lapbook sur la digestion : là  et aussi une section cahier interactif : ici.

 

Voir aussi sur le site « Fantadys », tout un travail interactif dans l’esprit lapbook, autour de :

  • L’histoire et du temps : là, 
  • Aide à l’écriture, décrire un lieu : là.
  • Un pantin pour décrire un personnage : là.

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  • Le site « Nicole ni papier«  propose une analyse de phrase interactive (clic sur l’image) :

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Enfin des cahiers interactifs (payants) sont disponibles chez  « profsetsoeurs » dans de nombreux domaines  et chez « Mieux enseigner » : On y trouve de belles idées…

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Ici, nous avons déjà testé la carte de géographie de Lala : belle réussite ! (Bon, j’ai aidé mon loulou pour le découpage et le coloriage qui ne sont pas ses points forts, mais l’aspect ludique de la leçon lui a bien convenu). :

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Lire une carte

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Carte mentale : Comprendre un récit

Toujours dans l’optique de découvrir la présentation qui convienne le mieux aux troubles du regard de mon fils, j’ai testé cet autre type de carte  mentale, assez linéaire, sur son cours de Français : « s’interroger pour comprendre un récit » :

 

Comprendre un texte

 

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