Dysfonctions linguales et dyslexie
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Notre cerveau est en permanence « bombardé » d’informations sensorielles : ouïe, vue, toucher, odorat, proprioception, douleur, chaleur, etc. Il ne peut toutes les traiter et seules arrivent à notre conscience celles qui sont utiles à ses objectifs. Il génère des prédictions sur le monde extérieur et sélectionne les informations sensorielles qu’il va utiliser, en fonction de ses expériences passées et de ses buts (Pr Alain Berthoz) :
Le cerveau de l’homme, comme le cerveau des animaux, ne perçoit le monde qu’à travers ses grilles d’interprétation, ses capacités. C’est-à-dire que le monde tel que nous le percevons [...], est un monde dans lequel nous sélectionnons les informations en fonction de nos a priori, etc. »
« La perception est décision puisque percevoir c’est à tout moment choisir dans les sens ce que l’on veut voir. On ne peut percevoir que ce qu’on veut voir. (…) le cerveau au fond est une machine qui décide en fonction du passé, de la mémoire, de l’intention. »
La réalité de ce que nous percevons est sans cesse reconstruite par notre cerveau et nous pouvons très bien ne pas « voir » des éléments flagrants qui sont pourtant sous nos yeux. Le cerveau reçoit des informations de ses différents capteurs sensoriels, mais nous ne prêtons attention qu’à certaines d’entre elles. A titre d’exemple, vous pouvez visionner cette vidéo (en anglais) très parlante :
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Les systèmes attentionnels au niveau cérébral fonctionnement très largement par automatismes, ce qui a pour effet positif de décharger notre cortex préfrontal qui se met ainsi en « pilotage automatique ». Ce faisant, néanmoins, le danger pour le cerveau est de passer à côté d’informations essentielles. Or, en cas de dysproprioception le cerveau situe mal, dans l’espace, les sources de ses stimuli sensoriels et élimine malheureusement des informations qui lui sont pourtant nécessaires. Des suppressions temporaires et aléatoires d’informations visuelles apparaissent alors dans certaines positions du regard (signe d’une incohérence entre l’information proprioceptive et l’information visuelle), mais aussi dans le bruit (signe d’une incohérence entre l’information proprioceptive, visuelle et auditive).
Parmi les dysfonctionnements proprioceptifs, les dysfonctions linguales peuvent aussi être à l’origine de conflits sensoriels et conduire à des pertes d’information visuelle (et sans doute auditive). Je vous propose de découvrir, dans l’article suivant écrit par une orthodontiste, comment les yeux, la bouche et les oreilles sont une même unité sensorielle (par l’intermédiaire du nerf Trijumeau) et comment les troubles linguaux peuvent parfois laisser présager une dyslexie avant même l’apprentissage de la lecture.
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Extrait :
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Le nerf Trijumeau, cinquième paire de nerfs crâniens, est ainsi appelé car il se compose de trois branches qui irradient la face et la bouche : deux branches sensitives (ophtalmique et maxillaire) et une branche sensitivomotrice (mandibulaire). Mais il possède également des ramifications avec les yeux (proprioception des muscles oculomoteurs) et les oreilles (tenseur du tympan).
De ce fait, le nerf Trijumeau va mettre en lien la bouche, les yeux et les oreilles créant une même unité sensorielle : parler, voir et entendre sont liés. [...]
Toujours par rapport à l’unité trigéminale sensorielle yeux/bouche/ oreilles/, on peut observer chez certaines personnes des petites pertes visuelles en fonction de l’environnement sonore. C’est-à-dire que certains sons (perçus par le tympan) vont, par l’intermédiaire du nerf Trijumeau, venir perturber les muscles oculomoteurs et donc la perception visuelle.
Ces anomalies visuelles sont absolument inconscientes c’est à dire que le sujet ne sait pas qu’il ne voit pas correctement, ne se rend pas compte qu’il a de petites zones aveugles aléatoirement placées dans son champ de vision. Et cela indépendamment de son niveau d’acuité visuelle.
Ces petits défauts visuels sont d’autant plus invalidants lorsqu’ils surviennent chez un enfant qui rentre dans la lecture. Comme sa mémoire lexicale est peu riche, il ne peut pas « deviner » le mot en n’en voyant qu’une partie comme saurait le faire un adulte. De plus, il peut éprouver des difficultés à suivre l’enchaînement des mots au fil de la phrase et se perdre dans le texte lors du « retour à la ligne » (d’où le besoin de lire en s’aidant de son doigt ou d’une règle).
Si l’environnement sonore peut perturber la perception visuelle, il peut en être également de même par rapport au positionnement de la langue (toujours en lien avec le nerf Trijumeau) en fonction du contact contre certaines dents. Cela explique pourquoi certains enfants éprouvent des difficultés à lire à haute voix (qu’ils soient dyslexiques ou pas d’ailleurs) : certains contacts dentaires lors des mouvements linguaux accentuent les pertes visuelles.
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Or, si on en revient à la langue, on a observé que chez les enfants dyslexiques on retrouvait très souvent une dysfonction linguale présente avant même l’apprentissage de la lecture. Voyons quels peuvent en être les signes. [...]
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L’article dans son intégralité :
LES DYSFONCTIONS LINGUALES, SIGNES PRECURSEURS DE LA DYSLEXIE ?
Sources :
Perception, attention et mémoire